« Aussi belle que soit votre stratégie, n’oubliez pas d’en regarder les résultats », affirmait Winston Chruchill. Se doter d’une stratégie, pour une université telle que la nôtre, peut relever de l’effet de mode. Le reproche, recevable, ne nous exempte pas pour autant d’une responsabilité impérieuse : celle de donner un cap à notre établissement. Chacune et chacun, à leur niveau, connaissent, en raison de leur expertise et de leur cœur de métier, les besoins, savent analyser les risques et saisir les chances, qu’ils soient enseignants, chercheurs, Biatss ou étudiants. Tenez, ces derniers, ne sont-ils pas les premiers stratèges dans notre université ? Ils apprennent à surfer sur Parcoursup, choisissent les filières qui les passionnent, certes, mais non sans perdre de vue leur projet de réussir licence, master ou doctorat, faisant les choix gagnants pour eux. Pour ce faire, ils élaborent une stratégie. Apprentis stratèges, nos étudiants nous enjoignent, de ce fait, d’être en mesure de répondre à leurs désirs d’études, de formation, de profession. Souvent dès la première année de licence, ils ont l’intuition, à l’horizon de leur départ, bardés de leur diplôme, que leur projet professionnel, également projet de vie, est le résultat d’une stratégie de réussite. Ils ont été à l’origine d’une motion que le congrès a voté le 28 janvier dernier pour que nous fassions du développement durable, tant dans l’enseignement, la recherche que dans nos propres pratiques, un engagement tous azimuts sur le temps long. Notre ministère, autant que les présidents des organismes de recherche, souhaitent établir sur le long terme un dialogue stratégique qui donne à chaque université, selon son ADN, les moyens de se développer. Non ! Adopter une stratégie n’est pas un effet de mode. C’est l’impérieuse nécessité de donner un cap à la communauté universitaire : des perspectives de carrières pour les enseignants, les chercheurs, les Biatss, des moyens pour relever les grands défis et assurer notre place en France, dans Eucor et EPICUR. Cela signifie faire des choix, ensemble, les assumer et les porter. C’est ce à quoi vise le document stratégique adopté par notre congrès. Churchill savait de quoi il parlait, n’est-ce pas, quand il évoquait la stratégie. Il a permis à son peuple de gagner la bataille de la civilisation contre la barbarie. Il nous invite à ne pas manquer de mettre notre stratégie à l’épreuve de nos résultats.
Michel Deneken,
président de l'Université de Strasbourg